Plus d’un million des 4,9 millions de travailleurs en Suisse souffre de stress excessif et deux millions d’épuisement plus ou moins important sur leur lieu de travail. Ce surmenage coûte quelque 5,6 milliards de francs par an à l’économie suisse.

Ces chiffres ressortent de la première enquête «Job Stress Index 2014» réalisée en collaboration avec l’Université de Berne et l’Université des sciences appliquées de Zurich sur mandat de la Promotion Santé Suisse. Ces indicateurs seront désormais relevés chaque année, ce qui permettra de suivre l’évolution du stress en Suisse.

L’étude se base sur une enquête représentative menée sur Internet en février dernier auprès de 3484 actifs en Suisse de différentes tranches d’âges, régions et branches. La pression des délais, le surmenage ainsi que les problèmes avec les supérieurs et les collègues sont considérés comme des facteurs de stress.

Estime des supérieurs

Les ressources, comme l’estime et le soutien des supérieurs ou encore la marge de manoeuvre, sont autant de facteurs de protection. L’enquête montre que la majorité des employés gèrent bien les contraintes dans leur quotidien professionnel. Pour un quart des actifs, ce n’est toutefois pas le cas.

Les Romands ressentent davantage de stress au travail que les Alémaniques. Les jeunes en souffrent plus que les plus de 40 ans. En revanche, l’enquête ne montre pas de différence entre femmes et hommes.

Les employés à plein temps sont plus tendus que ceux qui travaillent à temps partiel, à nouveau sans différence entre femmes et hommes. A temps partiel, ces derniers montrent toutefois un taux légèrement supérieur de stress par rapport aux femmes. Aucune corrélation n’a pu être démontrée entre ce trouble et le niveau de formation ou la branche.

Chefs moins stressés

L’étude révèle que le stress est lié au rang hiérarchique. Les chefs se disent moins stressés que les employés. Ils bénéficient en effet de plus de ressources pour alléger leur travail. Ils ont aussi davantage de marge de manœuvre et peuvent décider seuls comment et quand ils comptent accomplir leurs tâches.

Le rapport s’intéresse également à l’épuisement au travail, décrit comme «un sentiment de surmenage, de perte d’énergie et d’épuisement général».

Parmi les personnes interrogées, 40% disent souffrir d’épuisement, un quart d’épuisement important voire très important. Il touche davantage les personnes travaillant à plein temps qu’à temps partiel, les femmes que les hommes, les jeunes que les travailleurs plus âgés.

Epuisement stressant, et vice versa

L’index sur le stress au travail est fortement lié à l’épuisement. En effet, le sentiment d’être stressé peut davantage surmener, alors qu’une importante fatigue peut augmenter le sentiment d’être stressé, écrivent les auteurs.

Les actifs qui se plaignent de stress ou d’épuisement ont également plus de problèmes psychosomatiques et de sommeil, sont plus irrités, et sont en général en moins bonne santé.

Les personnes qui ont un index de stress défavorable, c’est-à-dire qui travaillent avec davantage de stress que de ressources, sont malades pendant 4,3% de leurs heures de travail. S’ils vont quand même bosser, leur productivité sera réduite de 15%. Les employés avec un index paritaire entre stress et ressources manquent 3,3% de leurs heures de travail et sont 10% moins productifs.

Cher pour les entreprises

Le manque de production causé par les absences maladie, la baisse de productivité, la réduction du temps de travail, une fluctuation du personnel plus élevée ou des départs précoces, coûte cher aux entreprises: plus de 5,6 milliards de francs par année, selon les auteurs de l’étude. Trois quarts de cette somme est due à la baisse de productivité.

Et les auteurs de remarquer: «Si les entreprises investissaient plus dans le management de la santé et si les actifs avaient tous un meilleur rapport entre les ressources et les charges, les entreprises pourraient économiser pour plus de 5 milliards de francs».

Donner plus de ressources

L’index est également fortement dépendant de la satisfaction au travail, de la relation émotionnelle avec l’entreprise, des envies de la quitter et de l’enthousiasme au travail. Qui souffre davantage de stress et d’épuisement au travail, estime que sa vie privée est péjorée par sa vie professionnelle.

En conclusion, les chercheurs remarquent que l’idéal sur le lieu de travail n’est pas un équilibre entre facteurs stressants et ressources, mais davantage de ressources.

 

Source : https://www.24heures.ch/economie/surmenage-coute-5-milliards-an/story/25685623